
Histoires guérissantes


Il y a quelques mois, l'idée a germé d'écrire un livre de toutes les petites histoires que je perçois lors de mes consultations, au son du tambour chamanique. Finalement j'ai choisi de vous les dévoiler petit à petit sur cette page.
Les images se déposent sur mon écran mental révélant un monde de fées, de lutins, de déesses, de scènes d’un temps ancien.
Ces scénarios empreints de magie se modifient au cours de mes soins et évoluent vers plus d’harmonie.
Ces petites histoires sont porteuses d’espoir, de baume au cœur, de métamorphose, pour ceux que j’accompagne vers ce guérisseur intérieur qui est présent en chacun de nous et qu’il ne tient qu’à réveiller par un souffle, un son, un mot, une mélodie.
Elles feront peut-être résonance avec votre propre parcours, allumeront une petite lumière à l’intérieur de vous et vous aideront à cheminer dans votre vie.
Elles ont été écrites d’après les enregistrements que je fais à la fin des séances. Afin de garantir leur anonymat, les prénoms des personnes ont été modifiés.

Bulle de savon
Contexte : Christèle souhaite se protéger de ses émotions.
Christèle est heureuse de vivre dans ce petit village paisible très particulier aux maisons atypiques.
Elle affectionne particulièrement la sienne, celle dont elle a toujours rêvé et qui lui correspond totalement, en forme de coquillage bernard-l'hermite couleur crème, avec plein de recoins et d'étages où elle se sent si bien même si l'ensemble de l'habitation elle-même sans fenêtre, reste assez sombre.
Elle aime y aménager des petits espaces avec des lampes en vitraux multicolores, avec des bougies parfumées qui emplissent l'espace d'odeur de musc, avec des coussins aux tissus délicats et chatoyants. Au sommet Christèle aime se poser sur une peau de mouton devant le poêle une tasse de chocolat encore fumant à la main, son chat sur les genoux, en regardant à travers la minuscule lucarne un petit coin de ciel étoilé.
Ce village abrite de multiples maisons les plus singulières les unes que les autres, certaines en forme de champignons, d'autres en forme de bols tibétains très ouverts vers le ciel, ou encore en forme de fleurs. Chaque habitant vit dans la maison adaptée à sa personnalité qui lui convient et pour chacun cela est parfaitement normal et juste.
Lors d'une de ses promenades quotidiennes, une des déesses qu'elle a l'habitude de croiser sur son chemin attire son regard, car ce jour-là elle porte une robe aux teintes arc-en-ciel. Elle s'approche de Christèle et la prend joyeusement par la main. A son côté un petit gnôme la regarde, amusé tenant une bouteille remplie d'eau savonneuse.
Le lutin trempe l'embout dans la mousse, souffle à travers un cercle, créant une immense bulle de savon qui enveloppe totalement Christèle de ses reflets multicolores. Elle ressent de la surprise dans un premier temps puis de l'émerveillement et surtout un sentiment de sécurité dans cette sphère translucide.
Christèle avance à travers les pâturages le petit être à côté d'elle, soufflant sur la mousse et recréant à chaque fois qu'elle éclate, la bulle protectrice autour d'elle. Dans cet espace Christèle est totalement invisible aux yeux du moindre passant tout en pouvant observer à sa guise ce qui lui chante.
Parfois elle laisse la bulle éclater, attend un petit instant en retenant son souffle avant de demander au gnôme de la reformer.
Histoire guérissante, histoire transformatrice…
Christèle tient maintenant la bouteille de savon entre ses mains que le lutin et la déesse lui ont laissé avant de s'éloigner. Elle avance en créant à son rythme les bulles protectrices autour d'elle, lorsqu'elle en a envie.
Parfois elle s'asseye sur un banc, regarde autour d'elle et forme la sphère transparente. Parfois elle avance la bouteille à la main sans souffler sur la mousse en sachant qu'à tout moment elle peut recréer grâce au liquide son espace protecteur. Elle aime jouer avec ce qui lui semble une cape d'invisibilité, d'où elle peut regarder tout ce qui l'intéresse sans qu'on ne la remarque.
Elle observe que de petites bulles de savon sont restées en suspension autour de sa tête. Elles se mettent maintenant en mouvement et se rassemblent avec le vent, formant un petit ange aux ailes blanches. L'être angélique vol autour d'elle au milieu de la mousse.
A la tombée du jour Christèle retourne vers sa maison en forme de coquillage dans son village en même temps que les autres villageois. Le petit ange la suit au milieu des petites bulles translucides, se pose et s'installe au sommet de son logis.
En regardant les toits des autres demeures, elle aperçoit de petits anges protecteurs de couleurs différentes assis sur les rebords à une certaine hauteur, veillant sur les maisons et leurs habitants.
Christèle sait maintenant aller à son rythme avec les bulles de savons, les créant lorsqu'elle en a besoin, sachant qu'il y en a toujours d'invisibles autour de sa tête comme un petit ange protecteur qui va l'aider à avancer dans la vie.

Le petit frère
Contexte : Léo a des douleurs à l’épaule et une blessure affective.
Les jambes frêles de Léo se courbent sous le poids des sacs de charbons bien trop grands et lourds pour lui. Il plisse les yeux prenant une grande bouffée d’air frais en sortant de ces longs tunnels sombres creusés à même la roche, ébloui par les rayons du soleil. Il essuie d’un revers de manche les gouttes de suie qui perlent sur son front. Il perçoit au loin le son qui résonne sur les murs, le bruit des pioches, des marteaux et des pelles frappant les parois noircies par la houille, en essayant de chasser de son esprit l’image de son petit frère soulevant avec peine ces outils.
Cela fait bien trop longtemps qu’il n’ose plus regarder jour après jour, avec un sentiment d’impuissance, ces enfants s’écrouler à côté de lui, épuisés par le labeur jusqu’à y laisser leurs vies. Il sent bien que la tristesse l’envahit de plus en plus, ne lui laissant plus de répits et qu'elle finirait, elle aussi, par le terrasser.
Il a une pensée pour sa grand-mère alitée qui attend chaque jour leur retour. Il voit bien que la maladie et la fatigue ont creusé un peu plus ses joues même si elle esquisse un sourire lorsqu’ils rentrent tard le soir. Leo et son petit frère n’ont pas d’autre choix ni d’autres ressources que de retourner chaque jour dans ces profondeurs pour y gagner quelques sous.
Ce jour-là Léo n’en peut plus, cette fois une dizaine d’enfants ne sont pas ressortis vivants de la mine. Il voit les petits corps évacués avec juste un carré de tissus sur leurs visages noircis.
Sa décision est prise, il va quitter cet endroit avant que lui et son petit frère ne finissent eux aussi sur ces brancards de fortune.
Aux premières lueurs du jour, laissant ses maigres économies sur la table de chevet près de sa grand-mère encore endormie, il va réveiller son cadet un doigt sur la bouche lui indiquant de ne pas faire de bruit. Après quelques heures de marche l’odeur d’iode empli l’air, les sirènes des bateaux résonnent au loin, ils perçoivent enfin les premières lumières du port.
Léo est maintenant affairé à laver le pont, nettoyant les embruns de sels marins incrustés dans les fines planches de bois de ce grand navire en partance pour l’Angleterre. Il n’est pas encore habitué au roulis et essaye au mieux de maintenir le baquet dans lequel il trempe le long manche dans l’eau saumâtre avant de le ressortir et balayer le sol d’un geste répétitif.
Il attend avec impatience la tombée de la nuit en longeant le ponton pour ne pas se faire remarquer jusqu’à ce tas de bâches derrière le canoé à l’arrière du bateau. Il soulève le couvert où son frère est caché retenant sa respiration de peur d’être découvert. Furtivement il lui tend la moitié de sa ration journalière avant de repartir bien vite en direction de la cale où il pourra se reposer quelques heures. Léo a de la peine à s’endormir, sentant son ventre creusé par la faim après des jours de privation et de partage de sa maigre pitance. Il finit par sombrer dans un sommeil sans rêves en espérant que son frère arrivera à tenir jusqu’à destination.
Leo est réveillé par un bruit familier, il reconnait le cris des goélands à travers l’embrasure de la trappe qui mène sur le pont. En quelques enjambées il rejoint le bastingage. L’air iodé emplis ses narines, le vent frais pénètre à travers le tissu de son chandail finissant de le réveiller complètement. Les marins sont eux aussi accoudés au parapet les yeux rivés vers l’horizon où un coin de terre apparait dans la brume.
Histoire guérissante, histoire transformatrice…
Léo est maintenant occupé à de menus travaux dans cette ville portuaire du sud de l’Angleterre. Il voit avec fierté un petit pécule s’amonceler dans la boîte en fer blanc cachée sous le matelas de la chambre de bonne qu’il partage avec son cadet lui permettant de suivre une scolarité et plus tard des études.
Sa grand-mère ouvre, en tremblant un peu, la missive qui arrive maintenant régulièrement contenant quelques billets et surtout des nouvelles de ces petits enfants bien-aimés.
Le cœur rempli de joie en sachant que maintenant ils ont accès à une vie meilleure.

Les papillons bleus
Contexte : Sybille manque de temps car il lui semble avoir une liste trop longue de choses désagréables à faire qui lui donne des insomnies.
Sybille regarde autour d’elle mal à l’aise, quelques papillons bleus volent près d’elle depuis qu’elle a commencé à se promener dans cette nature qui lui semblait paisible par cette belle journée ensoleillée de printemps. Au début elle trouvait cela plutôt plaisant et agréable à regarder mais maintenant les ailes frôlent ses cheveux et son visage, elle en chasse certains qui se posent déjà sur ses épaules. Les papillons se font plus nombreux, plus pressants autour d’elle jusqu’à en former un nuage menaçant. Sybille se sent harcelée, poursuivie par ces nuées d’insectes volants. Elle aimerait courir et se cacher sans arriver à distinguer une quelconque issue.
Comme pour répondre à son désarroi, un petit être féérique lui tend une main au milieu de cette nuée et se met à cavaler avec elle à travers champs. Bien vite la silhouette d’un grand arbre centenaire aux branches majestueuses touchant le sol apparait. Sybille et la petite fée se précipitent sous le feuillage protecteur.
Reprenant son souffle, elle cherche encore du regard à travers les feuilles un éventuel poursuivant qui aurait réussi à les rejoindre d’un battement d’aile. En tournant la tête vers l’intérieur elle remarque une cavité dans l’arbre et se rapprochant elle réalise qu’il s’agit d’une grande porte en bois. En passant l’encadrement elle se retrouve dans une petite pièce où des senteurs fleuries emplissent l’espace. Ces parfums proviennent d’une jolie baignoire en verre ornée de peintures végétales.
Des êtres féminins d’une grande douceur, des déesses, attendent Sybille en l’invitant à se plonger dans cette eau réparatrice. Avec hésitation elle enlève sa robe encore emplie de sueur et touche du bout des pieds la mousse qui s’est formée à la surface du bain. Finalement elle se laisse glisser dans la tiédeur de l’eau avec un sentiment de bien-être au milieu des huiles odorantes qui régénèrent sa peau et calment son esprit.
Les déesses s’approchent et expliquent avec bienveillance à Sybille qu’en réalité un message est inscrit sur les ailes de chacun de ces papillons bleus et qu’avec ses préoccupations elle a attiré à elle autant de papillons que de questions.
Elles montrent à Sybille à travers une fenêtre taillée dans le bois, de petites fées et gnomes affairés à souffler sur ces être volants les invitant par ce geste à s’envoler pour transmettre plus loin les demandes déposées sur les ailes transparentes. A quelques kilomètres près de chez elle, d’autres être féériques réceptionnent les messages correspondants aux nombreuses tâches et soucis quotidiens insurmontables pour Sybille qui n’arrive pas à en voir la fin.
Créant un réseau d’entraide, les lutins se répartissent les travaux correspondants à chacune de leur qualité et s’affairent joyeusement à la tâche, permettant à Sybille de prendre un moment pour elle dans cette eau ressourçante.
Au sortir du bain, enveloppée d’un peignoir bleu pâle duveteux, les déesses accompagnent Sybille à l’extérieur du tronc imposant sous les branchages baignés de rayons de soleil. Assise sur une chaise en bouleau blanc recouverte de mousse, les pieds dans la glaise, elle renoue avec le contact à la terre nourricière.
Quelques papillons parviennent à se faire un passage à travers les feuilles. Sybille remarque qu’il y en a de multicolores virevoltants autour d’elle. Elle aimerait bien maintenant les attraper sans y parvenir car ils semblent encore inaccessibles. De temps en temps l’un d’eux se pose quelques instants avant de s’envoler permettant à Sybille de capter furtivement des messages différents en lettres dorées, formant joie, gaité, soleil, confiance, liberté.
Elle remarque qu’en se connectant aux énergies et mots inscrits sur les ailes ou à des choses positives que Sybille souhaite, les papillons restent plus longtemps sur elle.
Histoire guérissante, histoire transformatrice…
Les papillons bleus étaient toujours autour de l'arbre en vivant leur vie. Sybille n’avait plus à s’en préoccuper même si de temps en temps l'un d'eux venait vers elle, car elle sait maintenant qu’elle pourra souffler délicatement laissant ce papillon s’envoler plus loin vers ce réseau d'entraide.

Les bijoux
Contexte : Christophe est en colère suite à un licenciement et recherche une nouvelle motivation.
L’aube se lève à peine, Christophe admire les lueurs rouge orangé qui se mêlent aux teintes encore sombres de la nuit. Il est déjà debout depuis plusieurs heures, affairé dans la cuisine à allumer le feu dans le vieux poêle à bois. Il se dépêche de préparer le petit déjeuner pour les maîtres de maison. L’odeur du café mélangé à la chicorée empli la pièce. Il sait qu’une longue journée l’attend à servir ce couple de riches propriétaires. Il fait déjà dans sa tête la liste des nombreuses tâches qu’il doit accomplir. Il n’a pas droit à l’erreur, il sait bien que sa patronne ne manquera pas une occasion de lui faire des remontrances s’il oublie de remonter la grande horloge du salon ou s’il n’a pas donné assez vite à manger aux nombreux chats lovés dans les coins de la grande demeure. Il n’aime pas ce regard sévère et ce ton acide qu’elle emploie trop souvent à son égard.
Plus tard ce jour-là, il entend les cris qu’il redoutait. Appelé par sa patronne, devant elle, il regarde le sol n’osant pas croiser son regard empli de colère. Il essaye de ne plus entendre les longues plaintes et remontrances qui l’accusent d’avoir volé les bijoux, un collier de perle et des boucles d’oreilles en or assorties, qu’elle avait laissés la veille sur sa commode en bois de merisier.
Il sait déjà au fond de lui le cœur serré qu’elle ne va pas manquer cette fois l'occasion pour le congédier, l’expulser de cette famille comme un malpropre.
La grande porte en bois richement ornée est déjà loin derrière lui lorsqu’il passe le portail métallique gardé par deux lions en pierre sculptés.
Christophe erre sur les routes, rejeté du village où les qu'en-dira-t-on se sont répandus comme un feu de poudre. Il sent dans sa poitrine cette rage qui l’habite et qui ne lui laisse plus de répit. Il en veut au divin de cette injustice. Pourquoi lui ? il ne comprend pas, il a toujours fait de son mieux, travaillant parfois jusqu’aux heures avancées de la nuit, tombant épuisé sur sa paillasse posée à même le sol… il crie sa colère en tendant les bras vers le ciel.
Comme pour répondre à son désespoir les nuages noirs se forment au-dessus de sa tête, les premières gouttes tombent sur le sol, il sent l’eau glacée sur sa peau et serre encore un peu plus son manteau autour de lui. Une immense tempête se lève emportant avec elle, lavant toute sa haine et sa fureur.
Histoire guérissante, histoire transformatrice…
Dans cette grande demeure d’époque victorienne une femme de ménage a pris la place de Christophe, elle s’accorde plutôt bien avec sa patronne. Elle prend le temps de l’écouter lorsqu’elle parle longuement des derniers potins et autres commérages.
Ce jour-là en nettoyant la chambre à coucher et tirant la lourde commode en bois travaillé, quelque chose attire son attention, dans un angle près d’un pied du meuble il lui semble qu’un objet brille dans l’ombre. En prenant appuis contre le mur, elle utilise ses deux pieds pour pousser un peu plus loin l’imposant mobilier qui laisse apparaître sous un amas de poussière un collier de perle. En le ramassant, elle aperçoit un peu plus loin les deux boucles d’oreilles assorties.
Les chats comme à leurs habitudes sont allongés dans le grand lit à baldaquins sur le couchage rose pastel décoré de dentelles blanches. Elle se souvient que régulièrement l’un d’eux aime se prélasser devant la fenêtre sur la commode baignée d’un rayon de soleil et qu’en voulant s’y lover il aura fait glisser les bijoux derrière le meuble.
Elle se dépêche d’aller avertir la maitresse de maison qui pour une fois laisse transparaitre un sourire sur son visage. Tard dans la soirée cette dame assise à son pupitre trempe sa plume dans l’encre bleu. Les mots d’excuses s’inscrivent sur le papier parchemin qu’elle prend soin de plier et de mettre dans l’enveloppe avec plusieurs billets avant de la refermer et de la cacheter avec la cire de la bougie posée à côté d’elle.
Christophe n’en croit pas ses yeux lorsqu’un coursier lui apporte la missive. Il regarde l’épaisse enveloppe avec les armoiries de ses anciens patrons. En l’ouvrant il découvre une somme rondelette qui lui permettra d’acheter la camionnette dont il a rêvé.
Il fait maintenant des livraisons avec son véhicule dans cette petite ville du Colorado. Il est très apprécié de la population vieillissante qui a de la peine à se déplacer pour transporter leurs colis.
Quelques années plus tard Christophe a pu économiser suffisamment pour apprendre le métier d’horloger. Il tient minutieusement sa loupe sur son établi. Les rouages n’ont plus de secret pour lui et il rajoute une goutte huile à ce mécanisme qui tourne délicatement. Une lueur de fierté dans le cœur en imaginant déjà le regard de joie de sa fille lorsqu’il lui offrira la montre qu'elle a toujours désirée.
Sans oublier les histoires précédentes : les rayons de lumière, l'étalon noir, la famille....et d'autres à venir....